« Les portraits de Joséphine » de Tara Conklin

Édition: Pocket

Parution: 23 février 2017

Pages: 510

Prix: 8 euros

Résumé:

Virginie, 1848. Joséphine, 17 ans, souhaite échapper à l’emprise du propriétaire de la plantation Bell Creek dont elle est l’esclave depuis l’enfance. Ne pouvant plus compter sur la protection de Lu Anne Bell, sa maîtresse artiste-peintre qui se meurt, elle s’enfuit dans l’espoir d’offrir un meilleur sort à l’enfant qu’elle porte.

New York, 2004. Lina Sparrow, avocate, se voit attribuer un dossier d’envergure lié aux droits des descendants d’esclaves. Le hasard la place sur le chemin de Joséphine, que les experts soupçonnent d’être la véritable artiste à l’origine des tableaux signés Lu Anne Bell. Convaincue d’avoir trouvé le cas parfait pour illustrer la cause qu’elle défend, Lina entreprend de retracer l’histoire de Joséphine et de son fils. Au fil de ses recherches, elle en vient à se questionner sur sa propre famille: pourquoi tant de mystère autour de la mort de sa mère? En plongeant dans le passé d’une esclave en fuite, Lina pourrait bien finir par se découvrir elle-même…

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Mon avis:

Ce roman avait, a priori, tout pour me plaire : un récit à plusieurs voix, qui se développe sur deux époques en parallèle accompagné d’une intrigue truffée de mystères à résoudre et de zones d’ombre à éclaircir. À bien des égards, le résumé m’a rappelé les romans de Kate Morton, une auteure dont j’ai adoré tous les titres que j’ai lus (4 sur les 5 romans parus). Bien qu’abordant un thème tout à fait différent… Et…j’ai beaucoup aimé ma lecture mais pour des raisons assez éloignées de celles auxquelles je m’attendais au départ.

Je m’explique. Je pensais être prise par le côté mystérieux du récit et par, éventuellement, une certaine tension. En réalité, c’est tout autre chose qui m’a fait apprécier ma lecture. S’il y a des mystères, je ne trouve pas que ce sont eux qui donnent une consistance au roman. De plus, je les ai trouvés plus présents dans l’histoire de Lina que dans celle de Joséphine. Et, personnellement, le récit de la jeune esclave m’a davantage passionnée et tenue en haleine que celui de la jeune avocate.  De ce fait, les secrets entourant la mère de Lina ainsi que la mort prématurée de celle-ci, quand Lina était encore une enfant, ne m’ont pas captivée plus que cela. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils m’ont laissée indifférente, loin de là, mais ils m’ont moins touchée que s’ils avaient concernés Joséphine. L’histoire de cette dernière recèle plus des rebondissements que de réels secrets.

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Il faut donc chercher ailleurs ce qui m’a fait aimer ce récit.

Parlons d’abord des personnages. Si je me suis sentie plus touchée par l’histoire de Joséphine que par celle de Lina, j’ai, cependant, apprécié tout autant l’une et l’autre de ces deux héroïnes. Ce sont deux femmes fortes, malgré ce que l’on pourrait penser au départ : l’une étant esclave de ses maîtres et l’autre esclave de son travail. Elles vont, toutes deux, affirmer leurs convictions et prendre, au bon moment, des décisions pour assurer leur liberté, décisions auxquelles elles vont se tenir quoi qu’il advienne …Toute relative et précaire que puisse être cette fameuse liberté. J’ai beaucoup aimé leur personnalité et j’ai apprécié suivre leur histoire et leur évolution.

Le style de l’auteure joue aussi un rôle non négligeable dans mon appréciation du récit et est lié à l’attachement que j’ai eu pour les personnages. Tara Conkilin décrit ses personnages de façon très imagée et très précise. Elle nous dépeint, également, avec force détails le quotidien de ses deux héroïnes. Des petits détails (des bruits, des odeurs, des gestes,…) qui peuvent paraître insignifiants mais qui plongent le lecteur au cœur de leur existence et lui fait vivre pleinement leur histoire (sans pour autant alourdir le récit). Je vous propose quelques extraits qui seront plus parlant que de longues phrases :

p. 93 : « Le crâne chauve du médecin luisait comme une pomme de terre pelée ; il avait le ventre rond, le dos légèrement courbé et deux courtes jambes arquées comme le bréchet d’un poulet.»

p. 102 : « Le médecin avança d’un pas vers Joséphine. Elle sentit l’odeur de son corps pas lavé, mêlée à l’amertume des médicaments.»

p. 132 : « La chanson prit fin et le seul bruit qu’on entendit fut celui du sirop qui coulait doucement de la bouteille à la cruche. Lina se gratta la cheville et attendit les gaufres.»

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La thématique principale de ce roman, l’esclavage des noirs américains, est loin de m’avoir laissée indifférente ! Ce récit se déroule, en partie, dans une plantation de Virginie. Ils nous dévoilent donc un pan de l’histoire de ces esclaves, traités sans aucune considération et qui, aux yeux de leurs maîtres, valaient moins que des bêtes. Grâce à ce livre j’ai découvert, entre autres, l’existence du « chemin de fer clandestin » qui aidait les esclaves en fuite à rejoindre des zones plus sûres. Ce chemin de fer était composé de tout un réseau d’abolitionnistes : d’anciens esclaves affranchis auxquels se joignaient également des fermiers blancs qui adhéraient à leur cause.

Enfin, l’auteur propose d’entendre la voix de deux personnages secondaires à travers les lettres qu’ils ont écrites soit dans le simple but de correspondre soit dans celui, plus ardu, d’expliquer ses actes. J’ai beaucoup aimé cette variété de supports.

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En bref, si vous aimez les récits de vie, teintés d’une touche de mystère, où plusieurs voix, échos d’époques aussi divergentes qu’éloignées, s’entremêlent, et/ou si vous êtes passionnés par l’histoire de l’esclavage des noirs aux États-Unis ou simplement curieux et désireux d’en apprendre davantage à ce sujet ; ce roman est fait pour vous.

Je terminerai cette chronique avec la petite citation, écrite par La presse en quatrième de couverture, pour décrire le roman : « Le scénario d’un film à Oscar (…) » Je suis entièrement d’accord avec celle-ci. J’adorerais personnellement voir ce récit porté à l’écran !

Ma note: 8,5/10 sun-giving-flower-13457795

 

 

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