« Inhumaine-Retour aux sources » de Sophie Moulay

Édition : Collection du Fou

Parution : 1er mai 2018

Pages : 268 pages

Prix : 5,99 euros (e-book)/ 16,00 euros (broché)

Résumé

« 400 ans après la montée des eaux et l’engloutissement de l’Europe, les anciens Blancs vivent en vaincus dans les quatre pays d’Afrique encore à sec. Pourtant, grâce à ses inventions, c’est l’un d’entre eux qui a rétabli la paix et la sécurité dans la nouvelle confédération, avant de disparaître. Roseau, une jeune blanche, sait cependant qu’il n’est pas le héros que l’on croit. À la recherche de son identité, elle part sur ses traces, mais son chemin est semé d’embûches. Poursuivie par les machines du savant et flanquée d’un improbable poète, fasciné par le monde d’avant et amoureux des vers du Doré, Roseau doit affronter sa réalité. »

Transahara-intro

Mon avis

Je tenais tout d’abord à remercier chaleureusement le site Simplement Pro et la Collection du Fou pour l’envoi de ce service presse numérique !

Le résumé de ce roman post-apocalyptique/dystopique m’avait intriguée tout autant qu’effrayée. Pour moi, le postulat de départ pouvait être aussi intéressant que « dangereux ». Je craignais, en effet, que l’auteure ne tombe dans la facilité et nous propose une histoire très manichéenne. Au final, j’ai passé un bon moment de lecture même si je reste sur ma fin en ce qui concerne les éléments évoqués ci-dessus…Je m’explique…

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Ce point de départ est finalement très peu exploité par l’auteure. Il reste en toile de fond mais elle ne le développe pas beaucoup plus que ce qu’en dit le résumé. Les Blancs n’ont pas un statut spécialement avantageux (généralement ils sont employés comme domestiques) sans être non plus réduits en esclavage. Ils ont l’air d’être assez libres en somme, libres de leurs mouvements et d’une partie de leurs choix,…Leur seule contrainte semble résider dans leur place au sein de la société : ils ne peuvent briquer que des postes de voleurs, domestiques et autres petits métiers peu enviables. Et  ils n’ont pas l’air de trop mal le vivre. Le tout reste assez flou. Je n’ai pas réussi à me faire une idée précise de leur quotidien ni de leur statut réel.

L’origine de cette scission entre Blancs et hommes de couleur n’est pas bien définie non plus. Les Blancs se sont retrouvés sous eau et sont venus demander asile aux habitants d’Afrique. Ceux-ci les ont accueillis mais à leurs conditions. Quelles conditions exactement ? L’auteure ne nous le précise pas. Elles se devinent entre les lignes mais Sophie Moulay a décidé de ne pas nous expliquer en détails ce qui s’est passé, pourquoi les uns et les autres ont réagi de cette manière et comment ils en sont arrivés là exactement. Le fait de ne pas avoir plus développé cette partie, réduit la décision des peuplades africaines a une petite vengeance personnelle, compréhensible mais sans relief ni profondeur…Du coup, je ne sais pas trop sur quel pied dansé à ce propos. En approfondissant peu cette partie, l’auteure laisse planer le doute, elle choisit un peu la facilité, ne se mouille pas trop finalement. C’est dommage parce qu’il y avait matière à travailler !

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Dans ce livre, les continents, tels que nous les connaissons, ont presque entièrement disparu, engloutis par la montée des eaux. De ceux-ci ne subsistent plus que quatre pays africains, seules terres immergées, et donc viables, restantes. Une grande partie de ce territoire est recouvert de régions désertiques et très sèches. Il y a encore des Cheiks, les habitants semblent prier Allah, l’électricité a presque entièrement disparue, tout comme le pétrole, de nouveaux moyens de transports ont été inventés, un savant fou a réussi à créer des machines aussi fascinantes qu’effrayantes…c’est à peu près tout ce que je peux vous dire sur ce monde post-apocalyptique. C’est déjà pas mal, sans doute, mais il m’a manqué quelques descriptions en plus concernant le système politique, la religion, la société en général…même si je suis parvenue sans trop de difficultés à me représenter mentalement cet univers oriental coloré ! J’aurais voulu plus de détails mais, en soi, c’était suffisant.

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Si l’univers et l’idée de départ ne m’ont pas totalement convaincue dans leur approfondissement, les personnages m’ont davantage plu, surtout, Roseau et Cicade, nos deux héros principaux ! Ils sont à l’opposé l’un de l’autre ! Roseau est une jeune fille badass qui n’a peur de rien et n’a pas froid aux yeux. Elle a peut-être un côté un peu cliché mais celui-ci ne m’a pas dérangée. Et son histoire sort des sentiers battus (en tout cas par rapport à ce que j’ai déjà pu lire). Cicade, par contre, est un personnage clairement atypique : un jeune poète, un peu insouciant et très naïf. Il n’est pas lâche pour autant, il vit juste sur une autre planète par moments. Ses vers semblent le transporter ailleurs. Quand il les récite ou les compose, le monde autour de lui disparait. Il est également sûr de son art et de ses capacités, un brin arrogant mais d’une arrogance un peu candide. C’est un personnage amusant et au charme indéniable qui sort de l’ordinaire.

La petite romance qui se crée entre les deux était agréable mais, à vrai dire, je m’en serais volontiers passée. Je l’ai trouvée crédible dans les grandes lignes bien qu’un peu trop rapide à mon goût, d’autant plus que nos deux héros n’ont vraiment pas grand-chose en commun au départ. Toutefois, les opposés s’attirent, c’est bien connu, donc pourquoi pas. Leur histoire était mignonne sans être nunuche non plus. J’aime les romances en général mais, ce qui me dérange, c’est leur côté systématique. C’est fatiguant de se dire qu’il y en aura d’office une. Mise à part ce constat et, peut-être, sa rapidité, celle entre Roseau et Cicade m’a plu !

Les personnages du Cheik et de Devereaux sont tous deux assez complexes, surtout concernant le Cheik. Il est dur à cerner au début mais au fur et à mesure du récit, l’auteure distille des éléments qui permettent de mieux l’appréhender. C’est un personnage très intéressant.

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J’ai bien aimé l’intrigue de ce livre. Je ne sais pas trop si un tome 2 est prévu mais cette histoire peut parfaitement se terminer sur cette fin. Le rythme est bien mené ; il n’y a pas de temps mort et les révélations arrivent au compte-goutte mais toujours à point nommé. J’ai apprécié également la manière dont l’auteure a découpé son roman : entre les chapitres d’un point de vue omniscient, essentiellement centrés sur Roseau et Cicade, elle a intercalé des extraits du passé de Roseau dans lesquels un conteur narre l’histoire de Devereaux (entre autre), intermède efficace, donc, pour en apprendre davantage à son sujet. Je ne m’attendais pas du tout aux choix que l’auteure fait à la fin. J’aimerais vous en dire plus mais j’ai peur de faire une allusion qui pourrait un peu vous spoiler donc…Motus et bouche cousue !

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En bref, une bonne lecture même si j’en ressors un peu déçue au niveau du développement de son postulat de départ. Pour moi, l’auteure avait de bonnes idées mais elle n’a pas été au bout de celles-ci. Malgré tout, son univers tient la route et possède des éléments originaux, son intrigue est bien menée et prenante, ses personnages très attachants et certains éléments de la fin, inattendus ! C’est donc une lecture que je vous recommande chaudement malgré les petits défauts que j’ai relevés (qui n’en seront peut-être pas pour vous) ! Pour ma part, je suis assez curieuse de découvrir ses autres écrits!

Ma note: 8/103ffc7aaf1ae1d4183fbb9ccfdb7d77cb

3 commentaires sur “« Inhumaine-Retour aux sources » de Sophie Moulay

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