« Le Dieu dans l’Ombre » de Megan Lindhlom alias Robin Hobb

Édition : Actu Sf

Parution : 20 juin 2019

Pages :  539 pages

Prix : 20,90 euros

Résumé

« Evelyn a 25 ans, un époux, une belle famille et un enfant de 5 ans.Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.Un jour, il disparut.Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L’Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d’une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous. »

telemaque0001-2004.jpg

Mon avis

Merci beaucoup à Jérôme et aux éditions ActuSf pour l’envoi de ce service presse !

Ce titre m’a fait de l’œil quand je l’ai découvert dans le catalogue des éditions ActuSF, notamment au vu du nom de l’autrice dont j’ai déjà pu apprécier la plume avec l’Assassin Royal (une saga qu’il faudrait bien que je poursuive d’ailleurs !). L’idée de découvrir Robin Hobb dans un autre registre et à travers un titre plus ancien me plaisait bien ! Toutefois, au moment où je l’ai reçu, ce n’était plus le genre de lecture qui m’attirait ! J’avais besoin de légèreté (du Feel Good ou de la romance) et de romans addictifs (comme des thrillers ou de la littérature Young Adult). Je l’ai, de ce fait, mis de côté, préférant le savourer pleinement plus tard à un moment où j’en aurais à nouveau envie.

Et j’ai bien fait d’attendre ! En effet, début août, après avoir lu des ouvrages plus légers et « faciles », j’ai ressenti le besoin de lire un roman un peu plus complexe, plus lent, différent tout simplement ! Le Dieu dans l’Ombre est alors apparu comme le titre idéal. Le terme « complexe » ne lui rend peut-être pas vraiment justice (bien qu’il y ait une double lecture) mais clairement, il ne se dévore pas comme une romance ou un thriller. Au contraire, il faut prendre son temps pour le lire et goûter toutes les subtilités (de mon point de vue du moins).

Les dialogues ne sont pas légion dans ce récit. Sans être totalement absents, ils se font parfois rares au vu des nombreux passages plus narratifs ! Cette histoire, en général, a un côté très contemplatif, descriptif et introspectif. Nous suivons, en effet, Evelyne qui nous conte son histoire à la première personne du singulier. Outre nous rapporter les faits marquants de sa vie, elle nous décrit également les sensations qu’elle éprouve lors de ses escapades en forêt ou encore les réflexions et les débats qui l’agitent. C’est une enfant, une adolescente puis une jeune femme un peu à part, qui a du mal à trouver sa place dans le monde moderne, plus dans son élément au sein de la nature que parmi les hommes et leur Société. Suite à sa rencontre avec Tom, elle parvient à se créer une sorte d’équilibre mais celui-ci est plus fragile qu’elle ne le pense et ne va pas résister à sa confrontation avec l’implacable famille de son mari. Tout vole alors en éclat. Et Pan refait son apparition….

Pan est un personnage étrange, mi-homme mi-bouc, réel ou imaginaire ? Même Evelyne a du mal à faire la part des choses. Elle ne sait pas si la folie la guette ou si cet ami d’enfance existe réellement. Quand il revient dans sa vie c’est à la fois un réconfort et un tourment. Elle se sent en sécurité avec lui mais a également peur d’être mise à jour et que sa psychose ne s’étale aux yeux de tous. J’ai apprécié cette ambivalence, de ne pas savoir trancher une bonne partie du roman entre ce qui est issu de la réalité et du songe. Jusqu’à la fin, je trouve, la question reste, en un sens, entière même si la dernière partie du récit semble davantage pencher dans une direction que dans l’autre. Pan étant aussi la personnification de tous ses désirs enfouis.

Cette histoire est, en effet, coupée en trois partie, de mon point de vue. Dans la première, nous suivons parallèlement (lors de chapitres alternés) une Evelyne adulte, dans le présent, et une Evelyne enfant-adolescente, de ses 9-10 ans à ses années universitaires (bien que plus brièvement). Ensuite, dans un second temps, seule l’Evelyne adulte subsiste. La troisième partie prend place, selon moi, après un événement qui va changer la donne et faire prendre au récit un tout autre tournant. J’ai particulièrement apprécié la première et la deuxième partie, moins la dernière.

La vie d’Evelyne avec son mari et son fils, Teddy, avant l’ « événement » m’a plu parce que, malgré une certaine lenteur, il y a une tension sous-jacente. Notre héroïne est confrontée à la famille de son mari avec laquelle elle a du mal à composer. Elle ne se sent pas intégrée, a l’impression d’être en décalage et rejetée, incomprise…Parallèlement, elle se reproche ce rejet, persuadée que c’est elle qui ne réagit pas bien, qui n’est pas une « bonne épouse ». De temps en temps, elle a un sursaut de fierté, une étincelle de rébellion qui lui fait dire que tout n’est peut-être pas sa faute mais sa peur de perdre son mari et son fils l’empêche d’aller au bout de ses idées. Bref, j’ai aimé voir l’évolution de ces relations complexes entre les personnages et j’avais hâte de savoir où tout cela allait mener. Plus d’une fois, j’ai eu envie de secouer Evelyne, de la forcer à taper du poing sur la table, à faire valoir son opinion (et de donner une bonne claque à son mari par la même occasion !). J’étais frustrée et énervée…. D’un autre côté, je ne pouvais que comprendre sa situation, sachant que le récit se déroule aux Etats-Unis, dans les années 70-80…Ce sont d’autres mœurs et d’autres mentalités et même si j’aurais préféré qu’elle se rebelle davantage, je comprenais ses angoisses et ses peurs. Se sentant à part et différente, elle pense « bêtement » que c’est elle qui est en tort, que c’est à elle de faire des efforts pour s’adapter.

Si j’ai apprécié ces questionnements, j’ai encore davantage gouté aux nombreuses descriptions sylvestres qui parsèment ce récit et sollicitent tous nos sens. Elles m’ont un peu rappelé celles que j’ai pu lire dans « Un bûcher sous la neige » ! L’héroïne nous partage tout ce qu’elle voit, touche, respire, entend, goûte,… : la rugosité de l’écorce, le léger roulis de l’eau dans la rivière, le chant des grenouilles, le bruissement des feuilles, l’odeur des primevères, la douceur de l’herbe,…Je me suis rapidement immergée dans cet univers bucolique et, grâce à lui et à la qualité de la plume de l’autrice, je me suis facilement plongée dans ce roman et identifiée à Evelyne. Sans être addictif, j’ai trouvé ma lecture très fluide. Les pages se tournaient sans peine et je n’ai jamais eu de sensation de longueurs ou de lenteurs excessives (malgré les choix narratifs de Megan Lindholm) ! L’ensemble fonctionne très bien selon moi et a réussi à me tenir en haleine jusqu’au bout !

telemaque0001-2004.jpg

En bref, un roman particulier qui ne plaira sans doute pas à tout le monde ! Une narration très contemplative et introspective avec une touche non négligeable (selon le moment du récit) de fantastique ! Je pense que si vous arrivez à vous attacher à Evelyne et si vous aimez les descriptions en lien avec la nature, vous dégusterez cette histoire et y trouverez votre compte ! Dans le cas contraire, vous aurez peut-être du mal à en voir le bout ! Pour ma part, j’ai été embarquée et je vous le recommande donc chaudement ! 😊

Ma note: 8,5/10 715vwvP5ZEL.png

5 commentaires sur “« Le Dieu dans l’Ombre » de Megan Lindhlom alias Robin Hobb

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑