« Le fleuve de la liberté » de Martha Conway

Édition : JCLattès

Parution : mai 2018

Pages : 318 pages

Prix : 22 euros

Résumé

« 1830. Ayant échoué seule et sans le sou sur les rives de l’Ohio, la jeune May trouve un travail de couturière sur le célèbre théâtre flottant qui descend chaque année la rivière. Sa créativité et son talent avec une aiguille y deviennent vite indispensables, et elle s’habitue peu à peu à sa nouvelle vie au sein de la troupe haute en couleur.
Mais longer la rivière qui sépare le sud confédéré et le nord « libre » n’est pas sans danger. Parce qu’elle a contracté une dette, May se voit obligée de faire traverser la frontière à des passagers clandestins, enfants d’esclaves, sous le couvert de la nuit. Ses secrets deviennent de plus en plus difficiles à garder, jusqu’au jour où elle doit mettre en péril ceux qui lui sont désormais chers. Pour sauver des vies, il lui faudra risquer la sienne…
Une héroïne inoubliable aussi drôle que romanesque, une époque tourmentée à l’époque de la guerre civile, une navigation dangereuse sur la rivière Ohio, tout cela fait du théâtre flottant un superbe roman historique. »

516VDMR712L._SX195_

Mon avis

Je tenais tout d’abord à remercier chaleureusement NetGalley et les éditions JCLattès pour l’envoi de ce service presse numérique.

Depuis que j’ai 12-13 ans, le théâtre fait partie de ma vie au même titre que la lecture (en moins quotidien). Je ne suis absolument pas comédienne mais j’adore être spectatrice et me laisser porter et envouter par la pièce qui se joue sous mes yeux ! Bref, vous l’aurez compris, l’évocation d’une troupe de comédiens dans le résumé de ce livre a immédiatement fait échos en moi. Mais pas que… en fait tout dans ce synopsis m’a charmée : le lieu (sur un bateau qui longe les berges de l’Ohio), l’époque (début du 19ème siècle), le contexte (l’abolitionnisme et le contraste entre le Nord libre et le Sud confédéré) et, enfin, le métier de l’héroïne (couturière). Plus je le lisais, plus ce 4ème de couverture me vendait du rêve. Et, une fois laissé derrière mois le passage du naufrage, que j’ai trouvé un peu long personnellement (je ne m’attendais pas à le retrouver aussi détaillé au début du récit), ce roman a répondu à toutes mes attentes !

516VDMR712L._SX195_

Les histoires prenant place sur un bateau m’attirent énormément en ce moment ! Ce livre est donc arrivé à point nommé ! J’ai beaucoup aimé cet univers fait d’eau, de roulis, de bancs de sables (à éviter), de pêche et de douceur ! Tous les soirs (ou presque), le « théâtre-flottant » propose aux braves gens des environs de laisser leurs soucis au pied du bateau et de s’évader quelques heures loin de leur quotidien grâce à la magie du spectacle. La petite troupe, qui remplit de vie quelques mois par an les cabines de ce petit esquif à fond plat, est composée d’un éventail assez large de personnalités : de la jeune ingénue au vieux taiseux en passant par l’amoureux transi et l’opportuniste impénitente ! Il forme un joli groupe, joyeux et haut en couleur, dont j’ai suivi avec beaucoup d’affection les pérégrinations ! Tous ont une personnalité étoffée et élaborée. Bien sûr, certains sont plus présents que d’autres et le personnage principal reste Mae, la jeune couturière, mais l’auteure prend le temps de tous nous les présenter et, ainsi, de les rendre tangibles et vivants à nos yeux ! J’ai aimé les côtoyer dans leur vie de tous les jours faite de répétitions et de représentations. C’était amusant de découvrir que les règles de bienséance qui sont de mise aujourd’hui au théâtre n’étaient pas forcément valables à cette époque (ou du moins dans ce contexte-là). Si certains ont été déçus que cet aspect du roman soit trop mis en avant au détriment d’autres, ce ne fut clairement pas mon cas !

516VDMR712L._SX195_

En effet, pour ceux qui ouvriraient ce livre en pensant lire un récit exclusivement centré sur la traite des noirs, l’esclavage et l’abolitionnisme, ils risquent d’être un peu frustré. Ce côté-là ne se développe réellement que vers la moitié du roman. Avant, s’il est déjà présent, il reste clairement en toile de fond…J’ai aimé que Mae découvre petit à petit ce qu’est vraiment l’esclavage et ce que cela implique. Ayant toujours vécu dans le nord où la traite des noirs n’existe pas en tant que telle, elle ne se rend pas compte immédiatement de cette réalité qui jusque-là ne la touchait pas. J’ai apprécié que sa prise de conscience se fasse petit à petit, brin par brin, à force d’être confrontée à des situations révoltantes. Elle est alors bien obligée d’ouvrir les yeux…Moi-même j’ignorais complétement certaines choses. Les esclaves noirs rêvent, par exemple, de quitter le Sud pour rejoindre les rivages plus sûrs du Nord…Enfin c’est ce qu’ils croient…La réalité est malheureusement plus cruelle. Si personne ne possède d’esclaves dans le Nord, les gens n’ont pas pour autant envie de venir en aide à ceux qui tentent de fuir ! Que du contraire ! Certains sont prêts à les rattraper contre une récompense (bien sûr) et les autres, pour la plupart, ne veulent pas être mêlés à ce « trafic », à ces histoires qui ne les concernent pas…Au Nord comme au Sud, ceux qui aident les esclaves en fuite sont traités comme des voleurs et pendus (du moins dans les villes et villages, proches de la frontière). C’est donc loin d’être le Nord accueillant et romantique qu’ils s’imaginent.

516VDMR712L._SX195_

Et Mae dans tout ça ? C’est un personnage auquel je me suis rapidement attachée : elle va se révéler au fur et à mesure du récit ! D’effacée et fade, elle va devenir forte et volontaire. Au début de l’histoire, elle vit sa vie par procuration à travers celle de sa cousine, une actrice pleine de charme et de verve. Quand les aléas de la vie la séparent de celle-ci, si elle se retrouve démunie et seule au monde, mais c’est finalement une bonne chose pour elle ! Elle va enfin pouvoir prendre sa vie en main et mener sa propre barque (c’est le cas de le dire^^). J’ai adoré sa réserve et sa franchise sans filtre qui la place parfois dans des situations délicates. Derrière ses airs timides, elle cache une forte personnalité qui ne demande qu’à éclore. Hugo, capitaine et chef de la petite troupe de comédiens, est aussi un personnage qui a su me toucher ! Il est ferme dans ses décisions mais également patient et tolérant. Il laisse une chance aux gens qu’ils rencontrent. La petite romance qui se noue entre lui et Mae prend son temps, petit touche par petite touche (elle se devine l’air de rien à travers un mot ou un geste). Elle est douce et tendre. Si la conclusion est peut-être un brin rapide, elle m’a quand même beaucoup plu, surtout qu’elle ne prend jamais le pas sur l’intrigue principale : c’est-à-dire l’intégration de Mae dans la troupe de comédiens et ses sorties nocturnes secrètes par la suite.

Le style de l’auteure est comme sa romance doux et tendre, très fluide également. Elle s’est bien renseignée sur son sujet et le maîtrise à la perfection.

516VDMR712L._SX195_

En bref, ce roman fut un presque coup de cœur. Le contexte, les personnages, le style de l’auteure, l’intrigue, tout était parfait ! Le seul petit « hic » réside peut-être dans la fin : si elle m’a serré le cœur, elle était peut-être un peu trop rapide à mon goût…Tout se passe trop vite, surtout au vu des événements. J’aurais aimé que l’auteure s’y attarde davantage, prenne plus son temps ! Toutefois, je vous le recommande sans aucune hésitation si le sujet vous intéresse et si vous appréciez les petites histoires qui s’écoulent doucement au fil de l’eau, du moins en apparences, puisque derrière celles-ci se cachent des thèmes forts et loin d’être doux. Pour ma part, je vais m’empresser d’aller voir les autres parutions de cette auteure !

Ma note: 9/105hHuBfsx-hires-s-

7 commentaires sur “« Le fleuve de la liberté » de Martha Conway

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑