« Exil, Intégrale saison 1 » de Stéphane Desienne

Édition : Éditions du 38, Collection du Fou

Parution : 30 novembre 2018

Pages : 625 pages

Prix : 22 euros (broché)/ 9,99 euros (e-book)

Résumé

« La société de consommation a terminé d’épuiser l’humanité. Désormais la guerre civile fait rage à travers la planète. Pendant que les gouvernements tentent de préserver les infrastructures, seuls les plus riches tirent leur épingle du jeu : des dizaines d’années plus tôt, des précurseurs s’étaient lancés dans l’édification de gigantesques villes flottantes bâties pour fuir la misère et s’isoler au large. Les plus folles rumeurs circulent à leur sujet : technologie d’avant-garde, richesse totale, soins poussés à l’extrême, le tout dans un luxe et un confort absolus. On raconte également que leurs habitants sont éternellement jeunes.
Mais si ces forteresses pharaoniques sont réellement étrangères au malheur qui frappe la Terre, pourquoi a-t-on vu l’une d’entre elles mettre le cap sur l’Alaska ?
Surgie des brumes qui nimbent Resurrection Bay, une éco-cité jette l’ancre face à Seward. Cette arrivée inattendue attise les passions et réveille les convoitises : certains trouvent la proie bien trop tentante. L’occasion est unique. »

Mon avis

Défigurée par les changements climatiques et les trop nombreuses guerres, la terre, telle que nous la découvrons ici, est méconnaissable. D’un point de vue humain, le paysage géopolitique a été complètement modifié. De nouvelles nations ont vu le jour au détriment des anciennes puissances mondiales (les Etats-Unis, par exemple, ne sont plus qu’un ancien souvenir). D’autre part, la démographie terrestre a été drastiquement réduite. Les survivants végètent, pour la grande majorité d’entre eux, dans la misère et la pauvreté. Seule une petite élite s’est réservée une place au soleil, dans le luxe et l’opulence, à bord d’éco-cités (sorte de villes flottantes géantes).

 Petite ville perdue au fin fond de l’Alaska, protégée par les pics enneigés des montagnes et bordée par l’immensité de l’Océan, Seward vivote tant bien que mal. Routes cabossées faute d’entretien, bâtiments vétustes aux murs défraichis, fonction publique assurée par un service minimum, cette petite localité est clairement sur le déclin ! Le dernier médecin encore en activité se fait vieux et si personne ne prend la relève, Seward risque bien de s’éteindre à petit feu, lentement mais sûrement.

Quand un beau jour, comme surgie du néant, apparait dans sa baie, Concordia ! Immense éco-cité flottante, comme il en existe des dizaines de par le monde, Concordia abrite des milliers de résidents. Ceux-ci vivent confortablement, se vautrant dans le luxe pendant qu’autour la planète et ses habitants se meurent. Les plus folles rumeurs courent d’ailleurs à leurs sujets : rues pavées d’or, immortalité, technologies de pointe, jeunesse éternelle,…

Les citoyens de Seward, d’abord stupéfaits et impressionnés, voient vite dans cette apparition une opportunité à ne pas manquer pour sortir de leur misère et profiter, eux aussi, d’une partie des ressources présentes à bord. Un moyen de redorer l’image de leur ville, de lui donner un second souffle et, surtout, de prolonger son espérance de vie ! Mais que vient réellement faire Concordia à Ressurection Bay ? A-t-elle vraiment subit une tempête qui a rendu certains de ses moteurs défectueux ? Ou une autre raison l’a-t-elle poussée à venir baigner dans les eaux froides de l’Alaska ?

Même si je lis davantage de romans de science-fiction qu’avant, notamment du Post-apocalyptique et de l’anticipation (je pencherais pour mettre ce titre dans l’un de ces sous-genres mais sans certitude, j’avoue ne vraiment pas m’y connaitre !), c’est encore un style littéraire assez nouveau pour moi ! Pour cette raison, peut-être, j’ai été complètement bluffée par l’univers créé par l’auteur ! Ses descriptions de la planète ravagée par les hommes et le réchauffement climatique, de ces villes désertées par la population et laissées à l’abandon, de ces ghettos où les miséreux s’entassent, en marge des chantiers de construction des éco-cités espérant grappiller un peu de leur richesse…J’ai tout simplement été captivée et subjuguée par le monde dépeint dans ce récit (aussi glauque et malsaine que cette fascination puisse paraitre)

Cette intégrale regroupe les 7 épisodes (chacun comprenant entre 15 et 20 chapitres environs) de la saison 1 d’Exil. Chaque épisode, un peu à la manière d’une série télévisée, se termine sur une sorte de mini cliffhanger qui donne terriblement envie d’enchainer avec la suite ! Je suis bien contente d’ailleurs de l’avoir eue à chaque fois directement sous la main !

Dès le début du roman, lors de la mise en place du contexte, de l’univers et des personnages, l’auteur arrive à créer une tension palpable ! Malgré le calme apparent, il est très vite évident que quelque chose couve, que tout n’est pas aussi beau qu’il n’y parait ! Le retour au pays d’Emily, l’enfant prodige, conjointement à l’arrivée de Concordia semble être une drôle de coïncidence. La petite ville de Seward se réveille et devient soudain le cadre de nombreuses agitations ! J’ai été très vite prise dans ce tourbillon d’activités et d’événements parallèles. J’avais envie de savoir ce que les uns et les autres cachaient derrière leur sourire ou leur neutralité de façade ! Les révélations se font au compte-goutte, rajoutant souvent encore plus de mystères et d’interrogations (dans un premier temps tout du moins), et la scène finale m’a laissée pantoise ! Je ne m’attendais pas du tout à cela ! Chapeau, donc, à l’auteur !

Ce titre, malgré son épaisseur, se lit, de ce fait, très facilement ; même s’il faut rester attentif ! Sans être prise de tête ou extrêmement compliqué, il demande un minimum de concentration pour saisir tous les enjeux ! C’est mon ressenti en tout cas (qui découle peut-être du fait que je n’ai pas l’habitude de ce type de littérature…).

Un joli panel de personnages gravitent et se croisent dans et aux alentours de Seward ! Stéphane Desienne a donc choisi une narration à la troisième personne qui lui permet de passer facilement d’un protagoniste à l’autre. Les transitions sont bien faites et je n’ai jamais eu de problème pour comprendre avec quel personnage j’étais (ou alors très brièvement). Comme pour les Ravens, leur nombre (bien que plus restreint quand même que dans le roman précité) n’a pas empêché l’auteur de développer en profondeur leur psychologie ! Et, un peu comme à la manière des Ravens, tous présentent une personnalité complexe et nuancée (avec des secrets enfouis qui ne révèlent pas nécessairement le meilleur d’eux-mêmes). L’auteur les croque tous avec brio et leur donne vie et consistance, tant les principaux que ceux qui ne font qu’une brève apparition dans l’histoire! Chacun poursuit un but et pense être dans son bon droit (à vous de vous faire votre propre avis à ce propos). Parfois les intérêts se télescopent et mettent au jour des dissensions ! J’ai fini par m’attacher à tous ces personnages, même ceux dont la personnalité ne m’a pas forcément séduite de prime abord. Je crois que le seul avec lequel j’ai eu un peu plus de mal, c’est Pop. Je l’ai trouvé parfois terriblement naïf et limité. Ses réflexions m’ont paru un peu enfantines alors que, si j’ai bien suivi, il a aux environs de trente ans…

Cette estimation des âges me permet de rebondir sur le seul petit point négatif que j’ai relevé : les repères temporels du récit ! Emily, par exemple, est partie durant 9 ans mais cette temporalité n’est pas toujours très clairement établie, selon moi. L’âge auquel elle est censé avoir fui le foyer familiale, par exemple, variait dans mon imaginaire en fonction des discussions et/ou des situations évoquées. Différentes possibilités m’ont semblé envisageables : 16-17 ans ? 20 ans ?  Bref, vous l’avez compris, je m’y suis parfois un peu perdue : mauvaise compréhension de ma part ou manque de précisions de l’auteur ? J’avoue que je serais bien incapable de trancher avec certitude (à moins de relire toute l’intégrale).

En bref, un roman de science-fiction parfaitement rôdé ! L’intrigue est prenante et tient en haleine de la première à la dernière page ! Les révélations sont bien orchestrées, les personnages finement dépeints et l’univers, très imagés, fait froid dans le dos ! En un mot : j’ai adoré ! Et je vous le conseille vraiment si vous aimez ce genre ou si vous souhaitez vous y essayer ! Pour ma part, j’ai trouvé cette première saison très originale et j’ai hâte d’avoir la suite entre les mains !

Encore un grand merci aux Éditions du 38 et à SimplementPro de m’avoir permis de découvrir ce titre!!

Ma note: 9/10 smiley-1

2 commentaires sur “« Exil, Intégrale saison 1 » de Stéphane Desienne

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