« Encens » de Johanna Marines

Édition : SNAG

Parution : 09 juin 2021

Pages :  504 pages

Prix : 18 euros

#PLIB2022

#ISBN9782490151370

Résumé

« Nouvelle Orléans, 1919. Alors que le tueur à la hache sème la terreur dans les rues et nargue les enquêteurs, le corps mutilé d’une jeune femme est découvert en ville. Que signifient ces notes de musique et ces marques de brûlures retrouvées sur sa peau et ces étranges plumes métalliques plantées dans son dos ?
Pour les inspecteurs Perkins et Bowie, une nouvelle enquête s’ouvre. Se pourrait-il qu’un deuxième meurtrier soit à l’œuvre ? Que faire quand deux tueurs en série rivalisent de cruauté et que la ville devient leur terrain de jeu ? Plongez au cœur des Bayous où le jazz est roi et prenez de la hauteur à bord du Mécanic Hall, un aérocabaret où les dancing-automates sont devenus des déesses de la fête. Découvrez le passé trouble de Grace, une intrépide cartomancienne et de sa chouette mécanique et sautez de toits en toits aux côtés des désembobineurs qui collectent l’électricité pour la New Orleans General Electric Company. »

Mon avis

Ma dernière lecture faite dans le cadre du PLIB2022, et donc le dernier des 5 finalistes que j’ai découverts. Celui aussi pour lequel j’aurais voté si j’avais encore été jurée !

L’autrice nous propose ici un univers vaste et complexe à l’ambiance très marquée ! Une ambiance résolument steampunk bien que…il s’agit en réalité de voltapunk, un genre que je n’avais encore jamais lu et qui se démarque par la présence de l’énergie électrique. Encens s’inscrit, au début du 20ème siècle, dans une Nouvelle Orléans alternative, où des cabarets en suspension côtoient des machines lanceuses d’éclairs. On y retrouve la fumée, l’animation, la musique et la débauche de couleurs et de sons propres à cette ville, ainsi que ses côtés obscurs et ses contrastes : la misère face à l’insouciance, les ruelles malfamées et sales face aux quartiers riches et luxueux, le vice face à la pureté et à l’innocence. Outre les diverses inventions et technologies inhérentes à ce monde, ce qui le différencie également du nôtre, c’est la présence d’automates intelligents et autonomes. Très proches en apparence des humains, bien qu’entièrement faits de métal et de câbles électriques, ils sont pourtant loin d’avoir les mêmes droits. Si je me suis facilement immergée dans cet univers, je regrette que certaines explications n’aient pas été plus poussées ; j’aurais aimé davantage de détails et de descriptions, tant au niveau de l’histoire des automates que des objets et machines du quotidien.

Dans ce cadre particulier prend place une intrigue policière prenante et addictive. Un « aimable » « tueur à la hache » hante La Nouvelle Orléans, laissant une trainée de cadavres ensanglantés dans son sillage, tout en se jouant de la police (tueur qui, soit dit en passant, a réellement existé sans jamais être arrêté. L’autrice retranscrit, d’ailleurs, une lettre de sa main qu’il avait envoyée au journal local pour qu’il la publie et dans laquelle il se moque ouvertement des agents de l’ordre en leur stipulant le jour et l’heure de son prochain crime). Ce prolifique meurtrier va, cependant, devoir faire face à la concurrence : un autre assassin se met, en effet, à rôder dans les rues de la ville…Plus subtil au niveau de son mode opératoire, celui-ci se fait bientôt appeler le « tueur à la plume ». Dans cette ambiance plutôt morbide et peu sécuritaire vont évoluer divers protagonistes. Si ces derniers paraissent, au départ, n’avoir aucun lien, petit à petit des fils vont se tisser entre eux. Un  type de construction narrative que j’apprécie beaucoup et qui fonctionne bien avec moi ! J’aime cette sensation d’être un peu perdue dans les premiers chapitres avant que les différentes pièces du puzzle se rattachent entre elles pour former un tout cohérent.

Dans ce roman choral, un personnage ressort toutefois du lot :  Grace, une jeune médium qui travaille dans un cabaret et dont le père, que nous suivons également, est l’un des policiers en charge de l’ « affaire des deux tueurs ». Affaire qui va forcer la jeune femme à remonter dans son passé et à déterrer des secrets aussi terribles que bien enfouis. J’ai été touchée par cette héroïne secrète et revêche, un brin rebelle, au caractère affirmé.

Outre ces protagonistes que l’on suit dans le « présent », certains passages nous ramènent dans le passé trouble évoqué ci-dessus ! Il va, en effet, être question d’un orphelinat au sein duquel se sont déroulés des événements étranges et malsains. Comme souvent dans ce genre de récit, les « isolés » et les « sans famille » sont les proies toutes indiquées des inventeurs fous.

Si, donc, j’ai pris plaisir à suivre cette enquête et à en démêler les ficelles, j’ai, par contre, quelques reproches à émettre par rapport à la fin. D’une part, le dénouement final, certes intéressant et inattendu, m’a laissée sur ma faim. Je ne sais si cela tient de la manière dont l’ensemble est rédigé ou si cela vient uniquement de moi mais il m’a manqué quelque chose ! D’autre part, un détail m’a gênée concernant l’un des personnages et un événement qui lui est lié ; le tout est très (trop selon moi) rapidement mis de côté par les autres protagonistes (alors que cet événement aurait mérité, me semble-t-il, plus de considérations). Pour le reste, l’autrice prend le temps de clôturer l’histoire de chacun de ses personnages, notamment par des ellipses temporelles, ce que j’ai trouvé appréciable pour un one-shot.

En bref, un thriller voltapunk bien tourné avec lequel j’ai passé un excellent moment. Une plongée très plaisante dans ce genre (une première pour moi !) même si quelques détails et descriptions supplémentaires n’auraient pas été de refus ! La construction narrative est immersive et très bien pensée. Si j’attendais une révélation finale un peu différente, je reconnais l’intérêt de celle choisie par l’autrice ! Un roman et une plume que je vous conseille donc de découvrir ! 😊Mention spéciale aussi pour la référence à la chanson « Nuits et brouillard » de Jean Ferrat. ❤

Mon appréciation

4 commentaires sur “« Encens » de Johanna Marines

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